La connexion avec Alibi s’est faite dans cette magnifique prairie qui se trouve après le pont des fleurs et juste avant l’entrée du jardin des animaux. Elle était assise dans les hautes herbes, entourée d’un halo de lumière, sans cela je ne l’aurais peut-être pas vue, elle est tellement petite. Je me suis avancée très lentement et l’ai doucement appelée par son nom. Elle a réagi au premier appel ; elle est tout de suite venue vers moi, le regard très curieux, les petites oreilles dressées et sans tarder je me suis présentée et lui ai lu les messages et les questions de sa gardienne :
A ma petite Alibi, ma gaufrette d’amour,
J’aurais aimé ne jamais t’écrire ce message, mais la vie en a décidé autrement.
Tu es rentrée dans nos vies il y a un an et quatre mois. Dès les premiers jours nous avons eu une relation plus que fusionnelle. On faisait la sieste ensemble, tu te collais dans mon cou et tu étais tellement apaisée. On passait des heures ensemble. Toi, grande gourmande que tu es, avec ta petite tête si mignonne, on ne te résistait jamais. Je ne sais pas comment l’expliquer mais tu m’es apparue comme une évidence. Comme si on se connaissait déjà. Tu as été dès le départ mon plus grand coup de coeur. Tu es arrivée dans une famille où tu as eu deux mamans. J’étais ta maman évidence et ton autre maman n’aimait pas les rats. Elle en avait énormément peur. Mais dès le départ, elle aussi a craqué pour toi. Et en quelques jours cette phobie a disparu et elle t’a aimé de tout son cœur. Ensuite il y a eu ce confinement. Nous avons passé ces longues semaines ensemble, en permanence. Tu étais épanouie, notre relation s’est renforcée. Il y avait ta sœur pourtant avec toi, mais tu préférais la présence humaine. Je t’ai tout confié. Tu m’as vu dans tous les états.
Les semaines, les mois ont passé et notre relation était de plus en plus forte. Tu as eu tes premiers petits soucis de santé, ta première tumeur mammaire. Mais ça ne t’a pas arrêté. Tu as surmonté l’opération avec une force incroyable. Tu en as eu une deuxième trois mois plus tard, et de nouveau tu l’as terrassé sans aucune peur. C’est moi qui avais peur. L’angoisse de te perdre à chaque opération. L’angoisse qu’un autre souci de santé apparaisse et te prive de ta vie.
Je sais que tu étais heureuse. Tu as ensuite eu plusieurs copines, des sœurs pour toi. Tu les aimais beaucoup. Mais par contre dès que tu étais sur moi, aucune n’avait le droit de m’approcher car sinon tu les faisais partir. Ma petite jalouse va ! Je t’ai toujours fait passer en priorité. Tu as eu, égoïstement, toujours plus que les autres. Tu aimais vivre en liberté, tu aimais les jeux, tu aimais les petits plats qu’on te préparait, tu aimais la vie.
Ma Alibi d’amour, nous t’avons apporté tout notre amour chaque jour. Je voulais te rendre heureuse, peu importe la manière. Et je sais que tu aimais ta vie comme une folle !
Je sais que tu appréciais plus que tout la présence de tes mamans. Ce mercredi 12 mai, je suis venue passer du temps, comme tous les jours, dans votre chambre. Tu étais tellement excitée de me voir. Tu m’as couru dessus, fais des bisous. J’ai dû sortir de la pièce 5min après être entrée. Et là l’incompréhension totale. Je t’ai entendu crier, tu avais très mal et tu saignais. Au départ j’ai pensé t’avoir peut-être marché dessus, mais je n’ai rien senti. Est ce que tu t’es buté quelque part ? Accrochée avec un jouet ? Je ne le saurais jamais. Je sais juste que j’ai hurlé à la mort car j’avais extrêmement peur pour toi. Ton autre maman est vite arrivée pour te calmer et nous avons filé au vétérinaire. Je n’ai pas eu le courage de te regarder. J’avais peur de voir ta souffrance. Je suis désolée. Vraiment. Arrivées au vétérinaire il t’a pris en charge en urgence. J’ai eu l’impression qu’on m’arrachait le coeur. Une partie de moi était en train de mourir. J’ai fait une grosse crise d’angoisse au vétérinaire et étant enceinte les pompiers sont venus me prendre en charge. Tu sais ma Alibi, je l’ai bien vu qu’ils ne comprenaient pas qu’on puisse se mettre dans un état pareil pour un rat. Mais tu n’as jamais été qu’une ratte pour moi. Tu es un membre de ma famille à part entière.
La nuit a été extrêmement longue et quand le vétérinaire nous a dit que tu étais vivante j’étais très heureuse. La culpabilité me terrassait car je pense que je t’ai peut-être marché dessus. Moi ta maman, toi mon petit cœur, comment aurais-je pu te faire du mal , moi qui n’ai toujours voulu que ton bien ?
Tu es restée hospitalisée trois jours et ensuite avec maman on est venues te chercher. Le bonheur de te ramener à la maison. Pour nous c’était gagné. Tu avais une fracture à la mâchoire et au nez mais tu allais mieux. On savait que la convalescence serait longue et on a tout mis en œuvre pour qu’elle se passe au mieux. Nous t’avons nourri et fais boire à la seringue, tu dormais avec nous pour pas que tu aies froid. Les premiers jours ton état s’est encore amélioré. Quelle chance. Jamais je n’aurai imaginé pouvoir te serrer contre moi. Tu as été une guerrière. Une super ratte tellement courageuse. Mais subitement ton état s’est dégradé. Nous avons tout fait. Nous ne dormions même plus, tu n’étais pas une seule seconde seule. De nouveau tu allais un peu mieux. Tu n’as rien montré, pas de douleur. Tu nous paraissais vraiment ultra forte. Tu avais cette envie de te battre et de vivre impressionnante.
Cela faisait une semaine et demi que tu avais eu l’accident et tu t’accrochais plus que tout. A un moment on a vu que tu étais épuisée. On t’a longuement parlé car on a eu l’impression que tu avais peur de partir. On t’a guidé, on a essayé de te rassurer et on t’a parlé du pont des fleurs. On t’a dit que tu reverrai sans doute Finka et Zofia, et peut-être Ela si elle n’était pas partie à son autre mission.
Ça t’a apaisée mais tu n’es pas partie. Mercredi 26 mai, 15jours après l’accident, nous sommes retournées au vétérinaire car tu ne pouvais plus te nourrir même à la seringue. Tu ne pouvais plus ouvrir la bouche. Et ça a été le pire jour pour moi. Le vétérinaire nous a dit que tu avais une énorme infection qui avait rongé tes os de la mâchoire, du nez. Qu’on ne pouvait plus rien faire. Il était même étonné que tu sois encore vivante avec une douleur aussi atroce. Et toi, qui ne montrais rien. Comment as tu fait ? Nous avons pris la décision de te faire partir paisiblement car sinon tu serais décédée de soif et de faim et d’épuisement. Je suis sûre que tu t’es accrochée pour nous alors on te devait de te laisser partir.
Ma Alibi, mon bébé chat, mon petit coeur, je souffre tellement. Je suis persuadée que tu étais mon âme sœur. Il me manque à présent une partie de moi. Ta présence physique me manque énormément. Je te parle tout le temps pour que tu trouves ton chemin. Je suis dévastée. Je culpabilise. Je m’en veux. Je t’aime tellement et j’espère plus que tout te revoir. Tu sais ton autre maman pleure beaucoup aussi et tu lui manques énormément. Tu étais et tu resteras notre gaufrette d’amour.
Tu es mon essentiel, une partie de moi est partie avec toi. Les bisous sur ton gros ventre, les dodos collées l’une à l’autre, tout me manque.
J’espère que tu as eu une belle vie et que tu as vu que tes mamans ont tout donné ces 15 derniers jours. On t’aime d’un amour inconditionnel et éternel. Je sais que je serais toujours liée à toi. Tu as été une très belle leçon de vie mais tu ne méritais tellement pas cette fin horrible.
Mais tu sais ma gaufrette, la mort n’est pas une barrière pour ceux qui s’aiment vraiment. Ça va prendre énormément de temps d’accepter ton absence physique, mais je sais que tu es là, tout près.
On t’aime petit cœur ! Nous sommes tellement fières de toi.Les questions :
– as-tu été heureuse pendant ta vie avec nous ?
– que s’est-il passé le soir de l’accident ?
– ces 15 derniers jours, as tu vu à quel point on tient à toi ?
– est ce que tu as des regrets ? Nous en veux-tu ?
– comptes tu revenir ?
– m’entends-tu quand je te parle ?
– et surtout, es tu bien arrivée ? Sois heureuse petite Alibi dans ton nouveau chez toi. As-tu rejoins Zofia, Finka et Ela ?Nous t’aimons de toute notre force. Tu resteras toujours dans mon cœur. Tu es mon âme sœur, ça peut paraître fou, mais j’ai cette impression. Fais-moi signe dès que tu le pourras, j’ai tellement hâte.
Lorsque j’eus fini, j’ai remarqué des larmes perler le long de son petit museau, elle m’a regardée longuement, l’expression de ses yeux était inouïe. J’ai vu à travers son regard une belle âme, une âme pure et dotée d’un charisme profond. C’était un moment très fort et j’ai attendu quelques instants la laissant calmer ses émotions. Lorsqu’elle s’est mise à me parler, sa voix était douce, sereine et m’enveloppait de plénitude. J’ai senti un apaisement dans tout mon corps comme si on m’avait fait un soin énergétique, alors que tout s’était déroulé en quelques secondes, juste à travers un regard, les petits yeux noirs d’une petite rate si fragile d’apparence et qui dégageait au contraire une grande force et sagesse. Après un petit laps de temps, me laissant reprendre mes esprits, elle m’a dit :
La première des choses que tu dois lui dire ou plutôt leur dire, puisque comme elle t’explique j’ai deux mamans, oui ce que je souhaite leur dire avant tout c’est merci, merci pour tout ce qu’elles ont fait pour moi. Merci pour ce merveilleux message d’amour et surtout merci pour tous les soins, pour toute l’aide qu’elles m’ont apportée pendant ces derniers 15 jours difficiles. C’était cruel pour ma maman de ne pouvoir m’aider plus, elle aurait tout donné pour me guérir mais ce n’était pas possible, il faut qu’elle comprenne et qu’elle accepte que mon âme avait choisi de partir, mon âme avait décidé de ne plus se battre, et ni elle ni le vétérinaire ne pouvait plus rien pour moi.
C’est injuste et pourtant bien plus facile pour moi qui sait que pour pouvoir continuer notre belle aventure ensemble c’était bien plus simple pour moi de monter me réparer et me ressourcer au jardin des animaux. Sa grande souffrance, sa grande détresse auraient pu m’en empêcher, mais je l’avais décidé en toute conscience et je n’avais pas peur. Je n’étais pas seule, elles étaient là toutes les 3,et depuis mon accident elles étaient toutes les 3 proches et dans mon environnement pour me guider et m’accompagner. Je suis partie vers la lumière, on m’a aidée à traverser le pont des fleurs et me noyer dans l’escalier de l’arc en ciel, et depuis mon arrivée dans cette belle et magnifique clairière je t’attends.
Je savais bien entendu qu’elle aurait besoin de communiquer avec moi et Furka et Zofia m’attendent après notre échange derrière la porte dorée que tu peux vois juste derrière moi et où se trouve le paradis des animaux rempli de rates et de tous animaux de toutes espèces. Ela est là, elle vient à nous lorsqu’on a besoin d’elle et je sais qu’elle te protège doublement et t’envoie de bonnes ondes ces dernières semaines, mais en même temps elle navigue sur un autre plan et dans d’autres sphères.
Il faut que je te dise ma petite maman, ma moitié, que je t’aime d’un amour incommensurable, un amour tellement grand qu’il remplit tout l’univers, tout le cosmos et cet amour perdure où que je sois. Mon autre maman, je l’aime évidemment très fort aussi, et toutes les deux vous me manquez, même si je peux vous voir et venir vous faire des petits coucous. Je te vois ma chérie, je t’entends, mais tu ne peux plus me porter, me serrer contre toi et me faire des bisous, cela me manque aussi, mais je sais que ce n’est que pour un petit moment, le temps de me ressourcer et nous nous retrouverons.
Ne culpabilise pas, tu n’as rien à te reprocher, ce n’est pas de ta faute, mes os étaient très fragiles, je souffrais de lésions osseuses et c’était un mal qui me rongeait de l’intérieur. Ce jour-là je suis restée accrochée et je suis tombée et me suis cassé le nez et la mâchoire, en temps normal je m’en serais sortie avec quelques douleurs, quelques contusions, mais la fragilité de mes os était telle qu’ils se sont brisés. Mon immunité était très faible et ce n’était pas possible de m’en remettre. C’était bien plus simple pour moi de partir de l’autre côté, j’étais de toute manière dans mon corps astral depuis ma chute et il m’était impossible de revenir dans mon corps physique, cela m’a aidé à supporter et gérer les douleurs.
C’est çà moi de te demander pardon pour tout le mal, toute la peine et la tristesse que mon départ t’inflige. Je ne voulais pas ça, mea culpa, ta souffrance et ta grande détresse qui te torturent me font plus de mal que les douleurs que mon infection a généré et qui m’empêchait de boire et de me nourrir. Ne regrette rien, la mort est un nouveau soleil et nous nous retrouverons, je te reviendrai car depuis mon départ tu te sens bien vide à l’intérieur de toi, il te manque une partie de toi et tu as besoin de moi pour pouvoir continuer à avancer sur ton chemin.
Nous étions déjà ensemble et tu l’as ressenti comme une évidence. Nous étions en effet ensemble dans une autre vie et nous étions des âmes jumelles, et cette fusion, cette complicité tu l’as retrouvée au premier regard. J’étais toi, tu étais moi et c’est comme si nos âmes reconnectées n’en étaient qu’une. Avec mon départ une partie de ton âme est partie avec moi et c’est difficile pour toi de rester centrée dans le présent, dans le ici et maintenant. Pour retrouver la paix dans ton cœur et ton esprit, mon âme doit redescendre et je dois reprendre ma place auprès de toi. Alors ne tarde pas, mets-toi vite à ma recherche et je me mettrai sur ton chemin.
N’aie pas peur, ni de doute ce sera de nouveau une évidence, une certitude pour toi, et nous continuerons notre belle histoire ensemble. C’est si bon d’être aimé, choyé et respecté et il me tarde de retrouver cet amour sur un plan terrestre. Ne t’inquiète pas, Ela sera là pour nous guider et nous montrer, nous ouvrir la porte pour permettre à nos âmes de se rejoindre à nouveau.
Je t’aime d’un amour divin ainsi que ma seconde maman et tous mes petits compagnons et êtres de l’univers. A bientôt, ton petit cœur qui t’adore !
Alibi rate 1 anchristiane2021-06-28T10:35:27+01:00