Lorsque je suis arrivée sur le chemin, Louloute m’y attendait. Elle était couchée sur son flanc droit et son regard était vide et sans expression. Je me suis approchée et l’ai appelée doucement par son nom, et lorsqu’elle m’a entendue ou senti ma présence, elle s’est tournée vers moi et je pouvais lire dans ses yeux de la curiosité, mais aussi des lueurs d’espoir. Je me suis présentée et lui ai expliqué que j’avais des messages à lui transmettre et des questions à lui poser de la part de sa gardienne. Elle s’est aussitôt levée pour venir à côté de moi, le regard cette fois-ci intense, profond, exprimant de la joie et de la gratitude. Avant même que je ne lui lise le contenu, elle m’a dit :
Je suis si contente de te voir. Je me sens rassurée et soulagée, pour elle surtout. Nous avons toutes les deux besoin de ton aide, moi pour me permettre de faire le passage, car tant que je reste là je ne peux me reposer et me ressourcer, et elle pour pouvoir l’aider à retrouver la paix dans son cœur et son esprit et pouvoir commencer son travail de deuil.
Ma mort a été violente et brutale et elle est encore sous le choc. Elle a des regrets et ressent de la culpabilité, beaucoup de culpabilité, et tout cela rajouté à sa terrible souffrance me retient ici entre deux, dans ce bas-astral, alors que j’observe au loin, à l’horizon de ce chemin, de la lumière, de la belle et vive lumière et qu’il me tarde de la rejoindre. Tant que je reste ici je leur pompe leur énergie et aux autres compagnons aussi, et c’est très perturbant pour eux. Ici ce n’est plus ma place et je lui suis si reconnaissante d’avoir fait appel à toi, mais dis-moi, lis-moi ses messages et ses questions, que je puisse lui répondre, car je sais que cet échange nous aidera toutes les deux.
J’aurais plus de messages a lui passer, que de questions a lui poser. Sauf une, j espère qu elle ne m en veut pas? Je n ai peut être pas fais les choses comme il fallait.
J aimerai donc que vous lui disiez pour moi, tout d abord que je l aime, de tout mon cœur. Que son passage dans ma vie a été intense et que je me souviendrai toujours de ce qu on a partagé. Elle m a énormément donné et j espère avoir été a la hauteur. Je regrette énormément la souffrance dans laquelle elle est partie, de la panique qui m a prise, de ne pas avoir pu la réconforter a ce moment là. De n avoir eu la force de la regarder après son départ pour lui dire au revoir. Je regrette profondément qu elle ai subit ça. Je regrette ce que je lui ai fait endurer les jours précédents, les traitements, opérations, gavage, la route.. je regrette de lui avoir fait subir ça, pensant pouvoir la sauver. J y ai cru, mais si j’avais su qu elle partirai ainsi, j aurai abrégé ses souffrances.
Je regrette aussi de n avoir pas compris avant, qu il fut deja trop tard lorsque je l ai emmené au vétérinaire. J ai mal interprété les signes.
J espère qu elle ne m en veut pas et qu elle a compris que tout ceci était dans le but de la sauver et qu on reste ensemble, je ne lui ai toujours voulu que du bien.
J aimerai a nouveau que vous lui disiez que je l aime de tout mon coeur et que je n avais jamais connu telle fusion, si courte fut elle, même si j aime de tout mon coeur tous mes animaux, ceux présents et ceux qui m ont quittés. Et que je ne l oublierai jamais.
J espère qu elle me reviendra, si elle le souhaite. Je serai toujours là pour elle.
Pendant que je lisais ls missives de sa gardienne, je pouvais voir Louloute, les yeux tristes, embués de larmes, se lécher les pattes, se frotter les yeux et toute émue, elle me regardait avec beaucoup de peine et m’a dit :
Tu vois combien elle est en grande détresse, elle se torture l’esprit, elle a tant de regrets et de culpabilité et ce ne sont que des obstacles qui la font souffrir et me retiennent ici. Je pleure pour elle, j’ai tellement mal de lui faire autant de peine. J’en suis si triste et si désœuvrée. Elle a peur de m’avoir mal accompagnée, de m’avoir fait souffrir, alors que tout ce qu’elle a fait c’était pour m’aider à aller mieux, pour me soigner et pour me guérir, elle avait de l’espoir et je ne peux lui en vouloir d’avoir tout tenté, espérant qu’elle pourrait encore me permettre de rester et surtout que nous puissions encore longtemps profiter l’une de l’autre.
Il n’en a pas été ainsi parce que la maladie dont je souffrais était quasi inguérissable. Je sais que le traitement peut parfois aider des congénères, ou du moins les aider à prolonger leur vie, mais ce virus est très dangereux et laisse peu de chance de survie.
Dis-lui merci pour son message empreint de tant de désarroi, de tant de remords, et surtout dis-lui qu’elle a fait les choses comme elle sentait devoir les faire, et je ne peux que lui dire merci, beaucoup, beaucoup de reconnaissance et de gratitude pour l’espoir et l’effort qu’elle a fait pour m’aider et m’accompagner dans cette maladie. Dis-lui merci aussi pour son merveilleux message d’amour et dis-lui que moi aussi je l’aime très fort, d’un amour pur, profond et inconditionnel, et je sais combien mon départ si cruel est insupportable pour elle. J’aurais tant aimé pouvoir lui épargner cette fin si difficile, ces moments tellement choquants et j’aimerais qu’elle puisse vite effacer ces images de sa mémoire.
Dis-lui que je n’ai pas souffert longtemps, je me suis réfugiée dans mon corps astral et je me suis vue suffoquer, je savais que c’était fini pour moi, que je ne pourrais plus réintégrer mon corps physique, et de devoir te faire assister à ce drame était la pire souffrance pour moi.
J’étais hélas une chatte errante depuis ma naissance, et j’ai contracté ce virus d’autres congénères. On m’a attrapée pour me stériliser, mais je n’ai pas eu d’autres soins, et si je t’ai choisie c’est parce que je savais que tu ferais tout pour m’aider, car ton âme est pure et remplie d’amour et de compassion pour les animaux. Je savais aussi que ce serait très dur pour toi car j’étais sur mon chemin et je préparais déjà ma transition lorsque tu m’as ouvert la porte de ton cœur et de ta maison. Et ces quelques temps passées à tes côtés ont été du pur et grand bonheur pour moi. Grâce à toi j’ai pu connaître la chaleur d’un foyer et surtout les câlins, la tendresse et l’amour d’un humain.
Aimée, choyée et respectée, je me suis considérée comme ta fille, ton enfant, ta louloute. Tu sais au fond de toi, ton âme savait que nous ne resterions pas longtemps ensemble, d’où ce grand attachement dès le premier regard. Tu m’as tant apporté et je te remercie du fond du cœur. Je t’aime et je sais que tu ne m’oublieras pas. Idem pour moi, et à condition que je puisse maintenant monter me réparer et me ressourcer, mon âme qui est éternelle et perdure souhaite te revenir. Et j’aurais la chance de te revenir en pleine forme et en bonne santé. Dès que tu te mettras à ma recherche, j’endosserai le costume qu’il te plaira et me mettrai de nouveau sur ton chemin.
Puis elle m’a regardé et m’a dit :
Allons-y, je suis maintenant pressée de rejoindre le paradis des animaux
Et toutes les deux nous avons emprunté ce chemin gris, qui au fil de nos pas devenait de plus en plus lumineux. Lorsque je me suis arrêtée devant le pont des fleurs, elle l’a traversé allègrement et s’est noyée dans la belle lumière de l’escalier de l’arc en ciel. Au revoir Louloute, repose et ressource-toi.
Louloute chatte 2 anschristiane2023-02-24T13:44:21+01:00