ROCKRock est installé sur le chemin, couché sur son flanc droit. Il me regarde d’un air triste, un regard qui implore de l’aide. Je le rassure et lui explique que sa gardienne souhaite lui transmettre un message, que cela l’aidera dans son deuil et que cela lui permettra de partir rejoindre le jardin des animaux.

Oui je suis très triste pour elle et cela m’empêche de partir. Même si mon corps physique n’est plus, mon âme, elle, n’arrive pas à partir et je reste à côté d’elle. Elle se torture l’esprit, elle pleure, elle a des regrets et surtout elle culpabilise. Tout cela empêche mon âme de rejoindre la lumière.

Elle me charge de te transmettre un message Rock et a aussi quelques questions, j’espère que ce ne sera pas trop long pour toi.

Je suis là sur ce chemin à t’attendre, mais je passe aussi mon temps dans la cour et à ses côtés. Je suis partout à la fois et me nourris de l’énergie que je puise ici et là. Même si son message est long, l’espace-temps n’existe pas et puis pour avoir été avec elle, je connais le contenu et les questions.

« Tu me manques terriblement et je t’aime très fort ! Tu seras toujours un être très cher à mes yeux. Je t’aime plus que tout, tu es mon toutou d’amour à moi pour le restant de mes jours, même après ma mort.  J’espère te rejoindre quand mon heure sera venu. Je voulais savoir si tu étais bien là où tu es ? Et si tu es heureux ? Est-ce que tu as été heureux avec moi ? Est-ce que j’ai bien fait de te laisser partir ? »

Je sais que je lui manque, mais elle doit aussi savoir que là où je suis, je ne suis pas bien. J’ai été très heureux avec elle, je n’ai jamais manqué de rien et toutes ces années ont été merveilleuses. Mais maintenant elle doit me laisser partir, c’était le moment pour moi, j’étais sur mon chemin depuis un bon bout de temps déjà.

« Je voyais que ta santé se dégradait mais je ne voulais pas affronter la réalité en face. Toi qui ne voulait jamais rentrer à la maison  depuis quelques mois, qu’il neigeait où qu’il pleuvait. Ce samedi 18 juin, tu m’as accueilli dans la cours et tu m’as suivi dans la maison, j’étais heureuse de te voir dans la cuisine avec moi. Tu m’as réclamé à manger et tu t’es goinfré, tu mangeais plus vite que d’habitude, le temps que j’aille dans le salon tu t’es précipité sur les croquettes du chat et tu les a toutes dévorées. Je me suis aperçue que tu avais un peu de mal à respirer à cause du pus qui sortait de ton nez. Mais cela arrivait souvent quand tu mangeais trop vite. Puis tu as voulu sortir… Et moi je suis partie manger et quand est venue l’heure de ma sieste, je t’ai vu par la fenêtre et tu avais un peu de mal à marcher. Je me suis dit que c’était ton arthrose qui te faisait encore un peu mal. Mais une petite voie dans ma tête m’a dit d’aller te voir que cela était plus sérieux. Et malheureusement c’était le cas… Ton abdomen était tout gonflé ! J’ai compris qu’il se passait quelque chose de grave, j’ai foncé chez le vétérinaire sur Laon qui m’a annoncé que tu t’étais retourné l’estomac et qu’ils ne pouvaient pas t’opérer sur Laon et que vu ton âge il serait mieux de d’euthanasier ou alors de tenter d’aller jusqu’à Reims mais que vu le nombre de Km tu n’aurais peut-être tenu… Mais tu as tenu ! Tu étais pratiquement mort… Je suis restée auprès de toi tout le long de la route. 

Est-ce que tu m’en veux d’avoir tentée de te sauver à Reims ?  Est-ce qu’ils ont pris soin de toi là-bas ? »

Oui je préparais mon départ depuis près d’un an, et j’essayais de ne plus trop partager de temps avec elle afin de l’habituer petit à petit à mon absence. Je savais que ça poserait problème et beaucoup de souffrances. Je préparais ma transition à mon rythme et même si je n’étais pas à ses pieds, c’est comme si je l’étais puisque j’étais relié à elle. Mon corps était usé, malade et au bout du rouleau. J’ai bien vécu, et j’étais très heureux avec elle et elle ne doit pas culpabiliser d’être passé à côté de ma maladie, j’étais bien trop âgé pour espérer pouvoir me soigner. Elle m’a emmené à Reims en urgence, elle a fait tout ce qu’il fallait faire pour me soulager, ça m’a fait du bien et cela doit maintenant l’empêcher de culpabiliser et d’avoir des regrets. Ils se sont bien occupés de moi, mais elle l’avait bien compris, je ne voulais plus me battre, j’étais au bout du rouleau et déjà plus dans mon corps. Je sais qu’elle ne m’avait pas abandonné, qu’elle a tout essayé pour me sauver, mais lorsque le moment est venu pour nous comme pour vous de partir, aucun vétérinaire n’est capable de faire des miracles. C’est la loi, il faut l’accepter. Dis-lui que pour nous les animaux qui sont toujours reliés à là-haut, ce n’est pas un problème. Nous sommes conscients de notre état et avons la chance de préparer notre départ. C’était le cas pour moi et quoi qu’elle pense, le médicament pour le cœur m’a aidé à tenir dans cette transition. Mon foie ? Cette tumeur ! Difficile de changer le cours des choses à mon âge et beaucoup plus simple pour elle et pour moi de laisser venir les choses comme elles doivent venir. C’est aussi une des raisons qui m’ont poussé à m’isoler. Qu’elle ne s’en veuille pas et n’aie pas de rancune vis-à-vis de son vétérinaire, une opération n’était de toute manière pas envisageable.

«  Je t’aime et tu me manques énormément, la cours est vide sans toi et la véranda aussi. Tu y venais quand il pleuvait beaucoup ou quand tu avais faim.  J’ai remarqué que tu t’entendais bien avec les poules. 2 jours avant que l’incident se produise, tu dormais et la poule dormait à côté de toi, cela m’a semblé très étrange ! C’était la première fois que je voyais ça ! »

Oui, je m’entendais bien avec les poules et elles ont été là pour m’aider dans ma transition. Ce n’était pas facile pour moi de la laisser. Je savais qu’elle s’accrocherait et en souffrirait beaucoup. Les poules étaient devenues des compagnes et je pouvais leur confier mes peines. Même si ce sont des poules, nous sommes tous égaux et nécessaires et ne faisons qu’un.

« J’ai l’impression que tu ne nous as pas reconnu Angelo et moi le jour de ton départ, tu n’avais aucune réaction, tu ne bougeais plus…Tu n’as pas bien supporté la deuxième anesthésie.  Est-ce que tu m’en veux d’avoir essayé de te sauver et de t’avoir laissé partir ? Est-ce que tu le savais que ton heure arrivait bientôt ? »

Si bien sûr que je les ai reconnus, mais je n’étais plus dans mon corps, je me sentais bien physiquement, très soulagé et je n’avais plus envie d’y revenir. Dis-lui que je ne lui en veux pour rien, qu’elle lâche prise avec son mental et qu’elle accepte maintenant de me laisser partir au paradis des chiens. Ma place n’est plus ici, et mon âme aspire à se reposer et se ressourcer. C’est très perturbant et inconfortable pour les poules de me voir malheureux dans cette cours, alors que j’avais si bien préparé mon départ.

« Je suis pressée de te revoir et de te prendre dans mes bras. J’aimerais savoir quel est ton plus beau souvenir avec moi ? Et est-ce que mon absence t’embêtait ? (travail et fatigue) Tu manques aussi à Angelo. Je t’aime et ça c’est pour toujours. Tu ne l’as pas mal pris qu’on ait recueilli un petit chat en novembre ?  Je l’ai recueilli au travail, il était encore petit et allait être emmené à la SPA. Je sais qu’il voulait jouer avec toi et que toi aussi, mais tu lui faisais peur car tu étais beaucoup plus gros que lui ! »

Les questions continuent à fuser, c’est vrai que la patience n’est pas son fort et de gérer ses émotions encore moins. Mon plus beau souvenir avec elle ? Mais il y en a pleins, mais je crois que c’est quand même les longues balades dans la neige. Oui c’était mon élément et j’espère retrouver ce plaisir et cette sensation. Je sais que je manque aussi à A……. et toute la famille et son absence ne me pesait pas. Je savais qu’elle ne pouvait passer tout son temps avec moi, et cela ne me posait aucun problème. C’est plus à elle que cela pouvait poser un souci et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce petit chat est apparu dans sa vie. Ce n’est pas un hasard, ce petit chat je l’ai guidé vers elle et il a une importante mission à remplir auprès d’elle. Celle de l’aider à travailler le détachement affectif, de vivre dans le présent, dans le ici et maintenant, de canaliser ses énergies dans le ressenti du moment présent, ce qui l’obligera aussi à travailler sa patience. Et puis surtout à apprendre à aimer d’une manière plus simple, plus fluide et sans dépendance aucune.

« Dans quelques mois je pense prendre un chien à la SPA, un chien qui est là-bas depuis longtemps et que personne ne veut… pour lui donner une fin de vie heureuse et une belle retraite. Mais ce chien ne te remplacera jamais ! Qu’est-ce que tu en penses ? TOI tu es et tu resteras toujours mon chien d’amour et un membre de ma famille à part entière ! Et je te remercie de tout le bonheur que tu m’as apporté. Tu as toujours été là pour moi dans les bons et mauvais moments! Tu réussissais toujours à me redonner le sourire quand j’étais triste! Tu ne m’a jamais laissé tomber ni abandonnée ! Merci.  J’espère que tu es très heureux là où tu es car tu le mérites tu es brave, gentil, fidèle !   Je t’aime tellement fort et c’est très dur sans toi! Maman et E…… s’en veulent de ne pas t’avoir dit au revoir mais le temps du trajet (paris) vu ton état tu ne pouvais pas attendre. Sache qu’elle t’aime et A…… aussi. Je t’aime mon loulou et j’espère pouvoir te parler de temps en temps! Je ne t’oublierais jamais et j’espère passer mon éternité avec toi de l’autre côté, j’espère que tu m’accueilleras le jour J .Encore merci pour tout et sache que je t’aime j’aurai tout fait pour toi. Prends soin de toi là où tu es ! Tu me manques…. »

C’est une très bonne idée de vouloir offrir une retraite heureuse et paisible à un chien de la SPA. Il en sera très heureux et cela ouvrira encore plus le cœur de ma gardienne à l’amour inconditionnel et l’aidera à se reconnecter à sa source. Pour ma part j’aspire là tout de suite à rejoindre la lumière et le jardin des animaux pour me reposer et me ressourcer. Dis-lui que moi aussi je souhaite la retrouver et de préférence sur terre plutôt que de l’autre côté. Après la mort il y a la renaissance et si elle le souhaite aussi nous pouvons nous retrouver très vite. Je lui laisse le choix et je saurai m’adapter et me réincarner dans le corps physique du chien qu’elle se choisira. Là encore il n’y a pas de hasard et les choses se font comme elles doivent se faire. Qu’elle me fasse confiance tout comme je lui ai fait confiance toutes ces années que nous avons partagées ensemble. Je l’aime fort et voudrais que tu m’accompagnes maintenant un petit bout de chemin vers cette porte que j’entrevoie là-bas, et qui, plus je la regarde plus elle devient lumineuse, voir translucide. Les poules sont là, elles s’agitent dans tous les sens, elles savent que mon départ est imminent, et dans leurs « cris » elles me disent au revoir et à très bientôt. Que je suis heureux qu’elles soient là, elles m’ont été d’un grand réconfort !

Puis à mes côtés, il s’est mis à avancer vers cette porte qui devenait de plus en plus invisible et il s’est noyé dans la lumière, une lumière qui scintillait de milliers d’étoiles comme des cristaux de neige. Au revoir Rock.