La rencontre avec Rubis s’est faite dans un joli jardin très fleuri. Elle était assise au milieu de petites fleurs de toutes les couleurs et m’a regardée curieusement comme si elle savait que c’est elle que je venais voir. Je me suis approchée, me suis présentée et lui ai expliqué que j’avais des messages de la part de sa gardienne, et avant même que je ne lui lise le contenu elle m’a dit :

Je suis très contente de te voir, je savais que tu viendrais et je t’attendais. Depuis tous ces jours que je suis là dans son environnement au quotidien, j’ai besoin d’un petit coup de pouce pour m’aider à faire le passage. Il y a bien du monde qui m’attend de l’autre côté, mais mon départ si violent, si brutal et sa souffrance, sa colère m’empêchent d’y accéder et je reste là à leur pomper leur énergie. Ici ce n’est plus ma place et j’aimerais, afin qu’elle retrouve la paix dans son cœur et son esprit et que moi je puisse me ressourcer et me réparer, que tu m’accompagnes jusqu’au pont des fleurs.

Je l’ai rassurée et lui ai expliqué que c’était aussi la raison de ma présence et lui ai lu le message de sa gardienne :

« Ma Rubinette, ma fifille,

tu es partie bien trop tôt. Je me revois ce lundi matin, te ramasser sur la route, tu étais déjà morte. Juste avant de partir au travail, je t’ai retrouvé allongée sur la route. Cette foutu route que je te disais sans cesse de ne pas traverser. Malheureusement ton instinct de chasseuse, ou ton besoin d’aventure auront eu raison de toi ce Lundi matin-là…
Tu auras partagé tout juste un an à nos côtés. Moi qui ne voulait pas de chat, je me souviens encore avoir dit OUI à Juju, car nous trouvions beaucoup de serpent autour de la maison, et je me suis dis qu’avec une minette, nous serions en sécurité car tu les chasserais… Alors voilà j’ai dis : « OK pour le chat, mais c’est moi qui choisit son prénom ». Et un soir, c’est en sortant du boulot que ce prénom s’est présenté à moi comme une évidence : RUBIS.
D’une part car c’était l’année des R, mais aussi car c’est une pierre précieuse, et que le rouge foncé-bordeaux est ma couleur préférée…
Je me souviens ce soir là où Rebecca t’as amené chez nous, tu étais tellement petite…tu as passé ta première nuit sur la marche de l’escalier. Puis petit à petit tu as pris tes marques et découvert tous les petits recoins de la maison…
Peu après ton arrivée, voilà qu’un second bébé chat arrive par hasard chez nous. Je ne serais surement jamais comment, ni par quels moyens elle nous a rejoint, mais on aurait dit ton clone. Une seconde pépette, que nous avons baptisé Raya.
Vous étiez vraiment belles toutes les deux. Et tu as réaliser toute son éducation… Alors déjà MERCI pour ça, tu as vraiment été une mère pour elle.
Tu lui a transmis les codes de votre monde….

Je vais maintenant rentrer dans le vif du sujet, car si aujourd’hui je rédige ces lignes, c’est que je souhaite que Christiane puisse te transmettre ce dernier message de ma part, et que tu puisses partir en toute sérénité…

Toi qui étais tout le temps avec moi dans le potager, toi qui me regardait prendre ma douche, toi qui étais déjà sur le bord de la fenêtre dès que j’ouvrais les volets, toi qui montais sur mon dos et mes épaules quand je me brossais les dents, toi qui me disait bonjour le matin en faisant un jolie point d’interrogation avec ta queue, toi qui venait dire bonjour à Alann tous les matins dans sa chambre, toi qui … à laisser un ENORME vide !!!!
Je te cherche partout quand je vais au jardin, quand je me lève le matin. Raya te cherche aussi tu sais. Elle doit se sentir seule dans les coussins dans lesquels vous dormiez…Du coup elle me suit partout. Elle rentre un peu plus dans la maison depuis ton départ, mais garde tout de même ces distances…elle est méfiante, mais pas avec moi je crois. Des fois, elle est à mes cotes quand je travaille dehors, elle est couché pas loin et elle me regarde, et quand je la vois je pense inévitablement à toi… vous étiez tellement ressemblantes. Mais ce n’est pas toi, et elle ne sera jamais toi. Car voilà, toi tu es partie ce lundi matin. Putain, si tu savais comme j’ai été en colère contre ces automobilistes qui roulent si vite en passant devant chez nous !!!

Quand je t’ai ramassé sur la route, je devais partir vite pour le travail, alors j’ai essayé de réfléchir, malgré le bouleversement émotionnel que j’étais en train de vivre. Alors voilà, j’ai pensé que pour que tu puisses être à l’abri et en sérénité, tu serais bien sous une de grosses pivoines… le soir même nous t’avons accompagné comme il se doit avec Juju et les enfants. Comme tu étais MA fifille, que tu me suivais partout, que tu dormais dans MES vêtements, j’ai voulu te mettre à un endroit ou tu serais prêt de moi, et où je pourrais souvent te dire bonjour, donc nous t’avons enterré sous le cerisier, bien emmaillotée pour que tu sois rassurée et « entourée ». Tu seras comme ça, à nos côtés toute la partie de vie que nous passerons dans notre maison.
Alann, qui a été comme moi très émotif lorsque nous lui avons annoncé ton départ, a voulu te faire un beau dessin et le glisser pret de toi.

D’ailleur Alann et Ewenn ont eux aussi un message à te faire passer. Ils m’ont dit qu’il t’aimaient très fort.
Juju lui a sa façon, voulait juste te dire qu’il était dégouté que tu te sois faite écrasée.. bon tu connais juju, et son sens du discour… il parle peu, et a du mal à mettre des mots sur son ressenti…

Je vais aborder la fin de cette lettre d’au revoir ma Rubinette, car oui je le sais, il faut te laisser partir. Il faut que j’accepter ton départ, et que j’aille de l’avant, et que je reste accrochée à tous ceux qui sont prêt de moi au quotidien…
Je tenais à te dire MERCI.
Merci pour tous les calins que nous avons partagé, pour tous tes ronronnements qui m’ont bercé. Merci pour toute l’affection que tu m’as donné, et donné à Alann aussi, lui qui est si sensible, et qui adorait te prendre dans ses bras..
Je sais que ton départ fait partie des épreuves de la vie qu’il faut traverser. Alors je veux juste que tu saches que je vais essayer de faire de mon mieux avec Raya, je ne te remplacerais pas mais je lui apporterai une présence et de l’attention… Tiens, dit moi juste ton avis, tu crois qu’il faudrait prendre un nouveau compagnon pour Rayanette ?

J’aimerai juste te savoir en paix, serène, et bien arrivée au paradis des animaux…
Rubis, merci tout simplement d’avoir été une compagne de vie durant cette année. Je te souhaite un bon voyage pour la suite.
Avec beaucoup de tendresse ma fifille, soit en paix.
Aurevoir.

 

Tu vois combien mon départ tragique la blesse profondément. Elle ressent de la colère, de la détresse, de la nostalgie et un grand, un immense manque. J’étais sa fille, son bébé, sa petite fifille et je la suivais comme un petit chien. Petit chien j’ai été dans son enfance et je lui suis revenue sous la forme d’un chat pour la protéger et veiller sur elle et sur sa famille.

Dis-lui que je l’aime et que j’ai beaucoup de peine pour le mal que mon départ brutal lui inflige. Je n’ai pas eu de chance, cette voiture n’a pas pu m’éviter et la mort a été instantanée. Je suis aussitôt sortie de mon corps, je me suis vue allongée sur le sol et je savais que c’était fini pour moi, qu’il ne me serait plus possible de réintégrer mon corps physique, que le cordon d’argent qui relie mon corps physique à mon âme a été rompu, et que de me trouver au bord de cette route serait absolument horrible pour toi. Le choc a été violent et tu as beaucoup de mal à effacer cette image qui te poursuit.

J’étais là pour te protéger, pardon pour le mal que je t’inflige, mais cet accident ne m’a laissé  aucune chance. Maintenant, afin que tu retrouves la paix dans ton cœur et ton esprit, il faut m’aider à rejoindre le jardin des animaux. C’est aussi la condition sine qua none qui me permettra de te revenir. Tant que je reste là, je puise votre énergie et Raya en est très perturbée. Elle sait qu’ici ce n’est plus ma place et c’est très inconfortable pour elle de ne pouvoir communiquer avec moi tant que mon âme est en errance. Lorsque j’aurai rejoint le paradis des animaux nous pourrons échanger ensemble et je pourrai aussi vous faire des signes et des petits coucous.

Vous êtes ma famille et je vous aime, toi ma maman d’un amour incommensurable et mon papa si sensible et si rustre et mes frères aussi. Je sais que je vous manque et que nos câlins vous manquent. Dis merci à Alan pour le beau dessin qu’il m’a fait, je l’adore, il est si tendre et déjà rempli d’amour et de compassion aussi petit qu’il soit.

J’étais là aussi ma petite maman pour t’apprendre le détachement affectif, pour t’apprendre à aimer sans dépendance ni co-dépendance. T’apprendre à aimer sans avoir peur de perdre l’autre, t’apprendre à avoir confiance en toi, en ton ressenti, et te permettre de comprendre que tu as une grande force à l’intérieur de toi. Depuis mon départ tu te sens bien vide et seul moi qui suis reliée à ton âme, à ton petit enfant intérieur peut le combler ce vide. Il est donc urgent de me laisser monter maintenant afin que je puisse préparer mon retour. Mon âme est reliée à toi et le restera où que je sois. Elle est éternelle, ne reposent sous le cerisier que les restes de mon corps physique. C’est bien pour toi et pour les garçons, cela leur permet d’avoir un repaire et vous avez l’impression que je suis toujours encore auprès de vous. Et je le suis, mais sous une autre forme et vous reviendrai dans un nouveau costume, faites-moi confiance.

Merci ma petite maman pour ton si merveilleux message d’amour. Merci d’avoir exprimé ta colère, tes ressentis. Cela t’a fait du bien et t’a soulagée. Maintenant comme tu dis, il faut accepter mon départ et rester dans le présent, dans l’ici et maintenant avec ceux que tu aimes. Mais tu dois aussi te mettre à ma recherche dès que tu te sentiras prête, ce ne sera pas long, j’étais jeune et en bonne santé et un aller/retour au paradis des animaux suffira à me ressourcer et je pourrai te revenir dans le costume d’un chat qui te plaira. Et Raya mon petit bébé à moi attend mon retour, elle ne veut pas d’un autre compagnon, c’est moi qu’elle veut retrouver.

De type plutôt sentinelle elle s’est rapprochée de toi et j’en suis si heureuse. Merci pour cette année de pur et grand bonheur, il me tarde maintenant à vous retrouver très vite et continuer notre belle aventure et histoire d’amour ensemble. Je t’aime où que je sois, je suis reliée’ à toi ne l’oublie jamais. Alors à bientôt, ta petite Rubis d’amour.

Puis elle est venue à côté de moi et ensemble nous avons emprunté un chemin de lumière qui s’est ouvert à nous. Lorsque je me suis arrêtée devant le pont des fleurs, elle l’a traversé sans même se retourner une dernière fois, il y avait du monde (humains et animaux) qui l’attendaient de l’autre côté, et elle s’est noyée dans la belle lumière de l’escalier de l’arc en ciel. Au revoir Rubis, à bientôt !